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Du cran à revendre

Trois espoirs olympiques enseignent à leur classe de nouvelles leçons de persévérance, de patience et de résilience tirées de l’année écoulée.

Lynda Tessier, EAO.

Lyndsay Tessier, EAO : tout miser

En janvier 2020, deux mois avant que la pandémie de COVID-19 change le monde, un élève a arrêté Lyndsay Tessier dans le couloir pour la saluer avec un grand sourire.

L’enseignante de 3e année, à la Bridlewood Elementary School, à Scarborough, a acquis une certaine renommée après s’être classée neuvième au marathon féminin lors des Championnats du monde de Doha, au Qatar, en septembre 2019.

«Après avoir franchi la ligne d’arrivée, ma coéquipière m’a confirmé que je m’étais qualifiée pour les Jeux. J’étais époustouflée.»

Aujourd’hEn anglais, avec sous-titres en français. ui âgée de 43 ans, Mme Tessier s’est mise à la course de compétition il y a à peine neuf ans et faisait partie d’une équipe nationale pour la première fois. «À cause de mon âge et de mon manque d’expérience, je ne me sentais pas du tout à ma place», explique-t-elle.

À Doha, il faisait une chaleur accablante de 45 degrés, ce qui la terrifiait, et cela voulait dire que le départ était prévu pour une heure inhabituelle : minuit! Elle a quand même gardé son sang-froid et commencé sa montée du 52e rang dès le premier tour.

Elle n’avait qu’un désir : que ses élèves soient fiers d’elle. «Il était hors de question d’abandonner.»

Avant le championnat, Mme Tessier, qui s’inquiétait d’avoir à prendre un congé de trois semaines en pleine rentrée scolaire, en a parlé à sa direction d’école. «Et si j’échoue? C’est très possible!», lui demande-t-elle.

On lui a répondu : «Les élèves en tireront une leçon. Tu te lances dans quelque chose qui te met un peu mal à l’aise et tu mises tout pour le faire, comme t’absenter de l’école.»

Un an plus tard, selon Mme Tessier, s’habituer à vivre en étant «mal à l’aise» décrit parfaitement l’enseignement durant la pandémie.

«J’ai été forcée d’apprendre de nouvelles choses et d’adopter l’inconfort. J’étais complètement intimidée par la technologie. Je ne me considérais pas comme douée pour l’enseignement virtuel et j’avais peur de laisser tomber mes élèves.»

Mme Tessier a donc décidé de ralentir, du moins un peu, pour se consacrer à l’enseignement. Elle s’est levée à quatre heures chaque matin pour une course d’entrainement de 90 minutes avant de prendre place devant son ordinateur dès six heures et demie pour peaufiner les leçons virtuelles de la journée.

Malgré ses appréhensions, elle a réussi à avancer avec ses élèves.

«Nous avons surmonté un important défi et j’ai l’impression que cela nous donne l’habileté d’en relever d’autres avec plus d’assurance. Les parents me disent que leurs enfants se débrouillent bien à la maison et qu’ils sont heureux, même s’ils s’ennuient de l’école.»

Mme Tessier a trouvé rassurant de constater qu’elle pouvait continuer d’apprendre. Pour ses élèves, c’est aussi une importante leçon de vie, qui leur montre que tout est possible.

Elle se sert de son parcours et des nombreux revers qu’elle a essuyés pour enseigner d’autres leçons de vie aux enfants et à leurs parents.

Elle se souvient s’être entrainée pour être enfin acceptée par l’équipe de course à pied en terrain libre de son école en 2e année. Elle est devenue peu après un des meilleurs coureurs de son école.

Après la 8e année, Mme Tessier, trop poussée pour gagner, a décidé d’abandonner son sport. Ce n’est qu’à 34 ans qu’elle a senti rapidement renaitre sa passion. Par contre, sans entraineur pour la guider, les blessures se sont accumulées. Mme Tessier a choisi de persévérer.

Ces évènements sont des occasions d’apprentissage. «Quand je vois la frustration des élèves qui ont des difficultés en maths, je leur parle des séances d’entrainement difficiles que j’ai vécues», dit-elle.

Elle encourage ses élèves à faire preuve des trois qualités suivantes : patience, persévérance et constance.

La patience parce que toute chose se fait en son temps. Les élèves doivent persévérer et continuer, même quand les choses se compliquent. Enfin, ils doivent faire preuve de constance parce que, pour s’améliorer et murir, il faut refaire la même chose bien des fois.

Mme Tessier saura en juin si son rêve olympique se réalisera. Cinq femmes sont en lice pour les trois places au sein de l’équipe. Quel que soit le résultat, Mme Tessier sait que son parcours n’a pas été en vain.

«Faire les choses pour soi, c’est satisfaisant, mais cette satisfaction ne dure pas, dit-elle. Pour moi, le nec plus ultra, c’est de savoir que mon parcours influence mes élèves, qu’ils peuvent s’en inspirer ou en retenir un petit quelque chose.»

Jessie MacDonald, EAO.

Jessie MacDonald, EAO : porteuse de rêves

Dans une arène loin de sa salle de classe, une enseignante de français de la 1re à la 8e année au service du Niagara Catholic District School Board enseigne à ses élèves une leçon d’une façon bien hors de l’ordinaire.

Durant un tournoi en décembre 2019, dans une salle comble du centre des congrès de Niagara Falls, Jessie MacDonald essayait de plaquer son adversaire au tapis avec un tombé.

Durant cette épreuve de sélection pour l’équipe canadienne de lutte, une cinquantaine de personnes vêtues de t-shirts blancs Team Mac l’encourageaient à chaque mouvement. «Vas-y, Jessie! T’es capable!»

Lorsque l’enseignante agréée de l’Ontario, âgée de 36 ans, a bloqué les jambes de sa jeune adversaire et l’a fait rouler encore et encore pour accumuler des points importants, la foule a rugi.

Quelques instants plus tard, avec une avance de 10 points, Mme MacDonald était déclarée gagnante. Elle a sauté dans les bras de son mari, Evan MacDonald, qui a représenté le Canada en lutte aux Jeux olympiques de 2004. Le couple savourait un moment qu’il imaginait depuis des années.

C’était vraiment surréaliste! relate Mme MacDonald. C’est par miracle que je me suis rendue jusqu’ici.»

Elle a manqué tant de fois de se rendre aux Olympiques qu’elle a failli abandonner son sport. Elle ne sait comment décrire ce qu’elle a ressenti alors que cette victoire la rapprochait du moment où elle pourrait se qualifier pour les Jeux olympiques de Tokyo.

Elle pense à ceux qui l’ont aidée, dont son enseignant préféré du secondaire, qui était également son entraineur de lutte. Il était comme un deuxième père pour elle et c’est lui qui l’a encouragée à se lancer dans la lutte et, plus tard, à devenir enseignante.

«Je suis comme dans un rêve, en ce moment. Je ne saurais vous dire combien de fois j’ai rêvé à cet instant. J’en ai même eu des cauchemars!», dit-elle.

Mme MacDonald fait partie des meilleurs lutteurs canadiens des 10 dernières années. Elle a remporté trois médailles aux Championnats du monde, dont la médaille d’or en 2012. C’est toutefois durant ces mêmes épreuves de sélection en 2012 et en 2016 qu’elle a manqué de se qualifier pour l’équipe olympique.

Malgré tout, à Niagara Falls, le 7 décembre 2019, ce sont des larmes de joie qui ont coulé sur son visage. «C’était le jour de mon anniversaire et mes rêves ont été exaucés», se remémore-t-elle d’une voix tremblante.

Mme MacDonald raconte que bon nombre des élèves et des enseignants de son école suivent sa carrière de lutteuse sur Facebook et lui envoient des textos pour lui témoigner leur soutien.

Elle dit que les élèves tirent des leçons autant des victoires que des défaites. Elle se souvient qu’après avoir perdu aux épreuves de sélection aux Jeux de Rio en 2016, l’enseignant titulaire avait conseillé aux élèves de son école d’y aller doucement avec elle.

«Quand on se donne à fond pour réaliser son rêve et qu’il s’écroule, on perd quelque chose de si cher qu’on en ressent la douleur dans son corps et dans son âme, dit Mme MacDonald. Les élèves ont éprouvé beaucoup de compassion à mon égard. Ils ne m’ont rien dit et cela voulait tout dire.»

Avant les dernières épreuves de sélection aux Jeux olympiques, des médecins ont dû reconstruire l’épaule de Mme MacDonald. Elle croyait ses jours de lutte terminés. «Je ne pouvais rien faire de mon bras. Après un tel traumatisme, le cerveau cesse complètement de communiquer.»

«Les élèves tirent des leçons autant des victoires que des défaites […] Il importe de montrer aux élèves les difficultés qu’elle a surmontées.»

Malgré tout, elle est retournée à son entrainement deux jours après sa sortie d’hôpital. «Si je devais m’entrainer jusqu’à ce que mon bras tombe, c’est ce qui serait arrivé», reconnait-elle.

Toutefois, les priorités de Mme MacDonald ont changé durant la pandémie quand elle a accueilli l’arrivée de son deuxième enfant.

Elle vise à finir parmi les deux premières lors d’une épreuve de qualification en Bulgarie au mois de mai. Elle pourra enfin acheter son billet pour Tokyo.

Selon l’enseignante, il importe de montrer aux élèves les difficultés qu’elle a surmontées. Même si notre histoire risque de ne pas tout à fait avoir la fin hollywoodienne qu’on espère, il ne faut pas s’empêcher d’essayer.

«J’espère surtout que les enfants retiendront qu’il faut poursuivre ses rêves et voir les choses jusqu’au bout.»

Crispin Duenas, EAO.

Crispin Duenas, EAO : tirer dans le mille

C’est au début de la pandémie que l’archer Crispin Duenas a inventé le dicton «Même si tout ferme, mon esprit reste ouvert».

M. Duenas a trouvé des façons de rester positif malgré les bouleversements survenus dans sa vie d’enseignant et d’espoir olympique au cours de l’année. Au début de mars 2020, incapable de trouver des poids et haltères pour faire ses exercices de musculation à la maison, le triple olympien s’en est donc improvisés en remplissant un sac à dos de manuels de physique.

«La pandémie de COVID-19 m’a montré que je suis capable de m’adapter à certaines situations indépendantes de ma volonté.»

Lorsque le Comité international olympique a repoussé les Jeux de Tokyo d’un an, M. Duenas a accueilli la nouvelle sans sourciller, comme il l’a fait lorsque le conseil scolaire a annoncé que l’enseignement se poursuivrait à distance à cause de la pandémie.

Même s’il nageait dans l’incertitude, M. Duenas était reconnaissant. «Je me considère vraiment chanceux d’avoir un emploi à temps plein pendant la pandémie», explique-t-il.

M. Duenas, qui faisait de la suppléance au Don Mills Collegiate Institute de Toronto, s’est vu offrir un emploi à temps plein quand un enseignant de mathématiques de l’école n’a pas pu reprendre ses fonctions en raison d’un système immunitaire affaibli.

M. Duenas enseigne le jour et s’entraine les soirs et les weekends. Maintenir cet équilibre a été plus important que jamais au cours de la dernière année.

«L’entrainement est mon échappatoire, explique-t-il. Vous devez trouver quelque chose à faire qui vous rend heureux en dehors du travail. Pour moi, c’est le tir à l’arc. Trouvez ce qui vous rend heureux et vous déstresse, puis faites-le.»

Il donne le même conseil à ses élèves. «J’essaie de veiller à leur bienêtre mental, explique M. Duenas. J’essaie toujours d’évaluer comment ils se sentent. C’est difficile à faire en ligne, parce que certains élèves n’aiment pas utiliser leur caméra.»

M. Duenas peut ressentir le stress des élèves contraints à apprendre de nouveaux concepts dans un environnement virtuel et fixés à leur écran plusieurs heures par jour. Il les invite donc à se déconnecter de leur ordinateur pendant une demi-heure pour se dégourdir les jambes, prendre l’air et se ressourcer.

Si certains enseignants ont eu du mal à adopter l’apprentissage à distance, M. Duenas affirme qu’enseigner en ligne lui a donné des possibilités qu’il n’aurait pas eues autrement. Un jour, alors qu’il s’entrainait avec l’équipe de tir à Cambridge, en Ontario, M. Duenas a appris qu’une école secondaire voisine cherchait un enseignant suppléant. Il s’est proposé et a été capable d’enseigner depuis sa chambre d’hôtel.

«J’ai enseigné les maths depuis ma chambre d’hôtel en plein camp d’entrainement à Cambridge, mais je n’ai pas encore enseigné depuis le stand de tir! dit-il en riant. Qui sait si cela se produira? C’était aussi un de nos plans d’urgence.»

À 35 ans, M. Duenas affirme qu’être athlète olympique a contribué à améliorer son enseignement et à briser certains mythes sur les athlètes. «Je montre aux élèves qu’on peut être à la fois porté sur le sport et les sciences.»

«Quand il enseigne, […] il utilise son sport comme exemple et explique comment l’altitude, la pression barométrique, l’humidité relative et d’autres facteurs ont une incidence sur son tir.»

Quand il enseigne, il explique aux élèves qu’au tir à l’arc, les archers doivent atteindre une cible de la taille d’une pomme à plus de 90 mètres de distance. Les archers visent le mille à chaque coup, même si souvent ils échouent ou manquent leur cible. M. Duenas enseigne surtout les mathématiques et la physique. Ses élèves lui demandent souvent comment leur apprentissage s’applique dans la vie réelle. Il utilise son sport comme exemple et explique comment l’altitude, la pression barométrique, l’humidité relative et d’autres facteurs ont une incidence sur son tir.

«C’est vraiment intéressant de voir les élèves écarquiller les yeux quand on leur explique un sport d’une perspective purement scientifique.»

Pour s’améliorer, M. Duenas s’entraine et tire plus de 1 500 flèches par semaine. Il s’entraine également au centre sportif pour renforcer ses muscles profonds. M. Duenas a décidé de commencer un régime de conditionnement physique rigoureux après avoir obtenu des résultats décevants aux Jeux olympiques de Londres, en 2012; une décision qui lui rapporte gros. L’année suivante, il devient le premier Canadien en 40 ans à remporter une médaille individuelle aux Championnats du monde de tir à l’arc.

«M. Duenas espère [éventuellement] pouvoir enseigner la physique à temps plein. “Je veux rendre la physique amusante et accessible pour aider les élèves à comprendre les concepts.”»

Quand il s’entraine au centre sportif, M. Duenas fixe son regard sur un objet loin sur un mur. Petit à petit, la taille de l’objet semble grossir. C’est sa façon de s’exercer à se concentrer en faisant abstraction des distractions.

«C’est au cours de la pandémie que j’ai réussi mes meilleurs tirs de haut niveau», déclare-t-il.

En raison des restrictions de voyage et de l’annulation d’évènements dans le monde entier, les athlètes comme M. Duenas restent dans l’incertitude et doivent lutter pour confirmer leur place dans l’équipe canadienne.

Quant aux Jeux olympiques de Tokyo, «mon objectif est de gagner une médaille olympique, évidemment», dit-il.

À Rio en 2016, M. Duenas a réalisé sa meilleure performance olympique à ce jour, battant le champion olympique de 2004 durant son premier match. Il perd le second de justesse au sambodrome, l’icône principale des défilés du Carnaval de Rio.

Au fur et à mesure que ralentit sa carrière olympique, M. Duenas espère pouvoir enseigner la physique à temps plein. «Je veux rendre la physique amusante et accessible pour aider les élèves à comprendre les concepts», ajoute-t-il.

Il sait que rapporter une médaille olympique de Tokyo serait utile à cet égard.

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